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Xavier Tournilhac, le patron des rugbymen brivadois, a été greffé du rein en 2006

Greffé du rein en 2006, Xavier Tournilhac, président du SC Brivadois, a décidé de partager son histoire avant la conférence sur le don d’organes qui aura lieu jeudi à la Halle aux grains, à Brioude.

Oui les 23 avril, il y pense… Mais c’est un de ces anniversaires qu’on ne célèbre pas. Greffé d’un rein le 23 avril 2006, Xavier Tournilhac, aujourd’hui président du club de rugby de Brioude, sait qu’il doit cette renaissance au décès d’un anonyme. À la décision d’une épouse dans la souffrance. D’enfants qui ont appris la perte de leur papa ou de parents dans la peine.

« Dans ces cas-là, on n’a pas besoin de réveil »
Ce 23 avril 2006, Xavier Tournilhac s’en souvient comme si c’était hier. « Le 22 au soir, il était environ 22 heures lorsque mon téléphone portable a sonné. C’était le service de néphrologie de Clermont-Ferrand. Il m’informait qu’un greffon compatible était disponible et qu’il fallait que je sois à 7 heures le lendemain à l’hôpital. Je vous assure que dans ce cas-là, on n’a pas besoin de réveil… » Le début d’une journée interminable pour le Brivadois.

« Comme pour chaque greffe, ils ont appelé deux personnes afin de choisir la plus compatible. En arrivant je me souviens, l’infirmière qui avait remarqué des griffures sur mes avant-bras m’a dit qu’il y avait risque d’infection et que ça pouvait compromettre mes chances. J’avais beau lui répéter que j’avais juste taillé mes framboisiers, elle n’avait pas l’air convaincue. Ils ont finalement fait tous les tests de compatibilité et j’ai été choisi. » Une dernière dialyse pour la route et direction le bloc opératoire. « Mais la victoire reste humble dans ces moments-là. Il n’y avait pas d’effusion de joie. Je savais que je laissais sur le carreau une personne dans la même souffrance que moi. »

Un terrible ascenseur émotionnel que Xavier Tournilhac avait lui aussi connu auparavant. La première fois, quand en 1989, il a appris qu’il était atteint d’une maladie rénale lors d’une banale analyse d’urine. Il n’a que 19 ans, étudie au lycée Bonnefont et joue au rugby au SCB. Adieu les terrains… « C’était dur. C’est l’époque où les juniors ont été finalistes du championnat de France des lycées agricoles. Heureusement Roger Allard a bien voulu me garder dans l’encadrement. C’était très important moralement. »

Dans le quotidien, rien n’est facile et pourtant Xavier décide de partir à Paris pour faire un BTS paysagiste. « À ce moment-là, j’ai toujours un régime sans sel strict mais la maladie est en sommeil… Je lui disais « tu feras ce que tu veux et moi je ferai ce que j’ai à faire » ». On reconnaît bien là le fort en gueule qu’il est. Mais Xavier Tournihac ne supporte pas la distance avec son Brivadois natal et décide de revenir en 1994 pour suivre un BTS production animale à Bonnefont. Il retrouve en parallèle son mentor Roger Allard à la tête de l’équipe A du SCB.

Dix années vont passer ainsi. Réussite professionnelle à la clef (il devient en 2004 directeur-adjoint de l’usine d’alimentation Chouvy à Vic-le-Comte) et bonheur familial, aux côtés de Céline et de ses deux premiers enfants Théo et Tom.

« Puis est arrivée la période de merde…, soupire-t-il. Le stress et le surmenage ont dû avoir raison de moi… La maladie a repris le dessus et tout s’est accéléré. Les médecins commencent à aborder les sujets de la dialyse et de la greffe. Je n’étais pas préparé, mais j’étais tellement mal que j’étais prêt à tout accepter. »

Fini le rugby et désormais fini le travail. À raison de trois dialyses de quatre heures par semaine, la famille Tournilhac pense et vit dialyse. En janvier 2006, le bout du tunnel semble se dessiner. Sa sœur est compatible et se porte volontaire pour le don d’un rein. Les démarches s’enchaînent. Puis le jour où la date de l’intervention doit être calée, la nouvelle tombe comme un couperet : les derniers tests révèlent une anomalie physiologique. Le rein ne pourra pas être greffé. « C’est l’équivalent d’une chute libre. » À ce moment-là, le président du SCB ne sait pas que c’est une question de mois… Et que le 23 avril la chance allait tourner.

Fini le rugby, fini le travail…
Aujourd’hui, 11 ans après, Xavier Tournilhac suit toujours un traitement pour éviter le rejet du greffon et a été obligé d’arrêter définitivement son travail en 2009. « Le jour où le médecin m’a dit qu’il me classait en invalidité 2 e catégorie, je n’avais que 39 ans et j’ai pleuré… Il ne comprenait pas pourquoi, mais moi je n’avais qu’une seule chose en tête : « qu’est-ce que vont écrire mes fils sur leur fiche à leur entrée en 6 e pour répondre à la question : profession du père ? » » Ses fils Théo, Tom et Albin qui l’ont porté dans les moments difficiles et qui ont vécu avec leurs yeux d’enfants la souffrance de leur père. « À chaque fois que je leur dis, et encore aujourd’hui, que je vais à l’hôpital, ils ont cette même question inquiète « Tu reviendras, papa ? » », explique-t-il la voix serrée.

« Je ne suis pas papa poule et la maladie a forgé mon caractère. J’ai envie de profiter de la vie et cela passe aussi parfois par le fait d’être seul ou avec mes copains. Ça n’a pas toujours été facile à la maison, mais ma femme et mes enfants se sont adaptés et je leur en suis reconnaissant. Si je devais remercier quelqu’un, ils viendraient tous les quatre juste après mon donneur et avant mes médecins. Sans eux tous je ne serais plus là… »

La Montagne du 27 Mars 2017 par Deborah Layris

• 29 mars 2017


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